Texte pour « contributeurs »
Appel aux lectrices et lecteurs
Depuis décembre 2007, je me suis lancée dans une aventure difficile : faire vivre une petite librairie dans une ville populaire de 20 000 habitant-e-s. Mais c’est justement ce challenge qui m’intéresse. J’ai toujours voulu développer la culture en banlieue, car je crois que chacun de nous, quel que soit son milieu social, son "pouvoir d'achat", est en droit d’accéder à la meilleure culture possible. J’ai travaillé en bibliothèque, j’ai créé une association « banlieuZarts », animé des ateliers de critiques des médias et je suis très attachée à la ville dans laquelle j’ai toujours vécu. La création de la librairie Neverland m'a paru une continuité logique ...
Pendant ces presque trois années, je ne me suis pas payée pour assurer la stabilité d'un commerce débutant. Mais je le fais car j’ai foi en ce que je réalise et je sais que ce n’est que provisoire.
Pendant les deux premières années, j’ai naïvement cru que la banque dans laquelle j’ai le compte de la librairie était un partenaire. Et j’ai découvert, au fur et à mesure, qu’il n’en n’était rien, que, dans le fond, elle se fichait bien d’une petite librairie. Mes dernières conversations avec un banquier méprisant, utilisant le terme de "truc" pour qualifier Neverland, et m'accusant de ne pas faire assez de profit, voir (contradictoirement) de "m'en mettre dans les poches"(dixit) m'a confirmé dans l’opinion que je ne pouvais rien espérer de ce côté. Pire, alors que la librairie - fait rare - engrange deux bilans positifs, et voit son (petit) bénéfice multiplié par trois en un an, c'est la banque qui, pour des raisons de trésorerie instable, plombe les finances encore fragiles en pompant le compte un peu plus chaque jour en agios et frais divers ... Il faut savoir qu'en travaillant avec des écoles, des bibliothèques, etc. la librairie avance énormément de trésorerie et n'est hélas payée que très tardivement, l'Etat étant, comme chacun sait, mauvais payeur.
Je me suis démenée pour avoir une boutique agréable, un « lieu de vie », en investissant dès le début dans la déco, en recevant des expositions, en organisant un « club des lecteurs », en étant présente sur de nombreuses manifestations en soirée à la bibliothèque d’Achères, au cinéma Pandora, dans les fêtes de la ville et même dans plusieurs manifestations hors de la ville (où je tenais un stand). J’ai développé un fond de livres enfance-jeunesse pour que les plus jeunes de la ville aient accès au plaisir de lire ou d’écouter une histoire, de feuilleter les pages d’un album. J’ai créé un rayon « livres d’occasion » pour que les bourses les moins fournies puissent accéder sans souci à la lecture. J’ai toujours cherché à pratiquer des prix réduits et comme la loi sur le livre n’autorise pas de rabais au-delà de 5 % (ce qui est une très bonne chose pour maintenir des librairies de proximité), j’ai beaucoup sélectionné de livres de poche pour démarrer l’offre commerciale à des prix très bas. J’ai accueilli des stagiaires pour jouer aussi mon rôle de soutien à l’emploi des jeunes de la ville. J’ai également choisi de m’investir dans l’association des commerçants de la commune, pour diversifier et moderniser son discours et ses modalités d’actions. J’ai ouvert un profil Facebook de la librairie qui a 560 ami-e-s (dont plusieurs auteurs connus, des éditeurs, d’autres librairies, …) et ne demande qu’à s’agrandir… Un blog existe pour défendre des livres.
J’ai fait en sorte, au démarrage, d’investir un maximum pour avoir un nombre de livres qui donne envie aux lecteurs de pousser la porte de la boutique. Ainsi, plus de 3 000 livres sont sur les étagères de la librairie, ce qui représente une somme de 25 mille euros.
La librairie fonctionne, ses bilans le prouvent, et si plusieurs spécialistes ne m'en avait pas convaincu j’aurais, je l’avoue, déjà laissé tomber.
C'est pourquoi je trouve totalement anormal et je suis même révoltée qu'en ces temps ou l'on nous presse de "travailler plus", de développer l'économie, de "retrousser ses manches" etc... une petite librairie qui marche (et j’insiste sur ce fait) soit en passe de fermer en raison de l’attitude incompréhensive pour ne pas dire franchement hostile d’une banque uniquement soucieuse de ses intérêts financiers à court terme.
Aujourd'hui j’ai besoin de me sortir du « piège » de la banque en assumant sans eux mon fond de roulement. Pour cela, j’ai besoin de réunir un maximum d'argent pour pouvoir rembourser la banque, en choisir une autre et investir un peu plus pour avoir un fond encore plus attractif.
C'est pourquoi je m'adresse à vous.
Si comme moi cette situation vous révolte, si vous croyez qu'une petite librairie de banlieue à le droit de vivre, et que vous refusez le dictat actuel des banques...
Je vous propose de faire un geste, un don ou un prêt à la librairie (entre 10 et 500 €).
Ce prêt sera accompagné d’une reconnaissance de dettes en retour. Vous pouvez diffuser largement cet appel car je souhaite qu’il y ait un maximum de personnes qui n’aient à prêter que des petites sommes, l'idéal serait de créer une association des amis de la librairie, mais pour l’heure, l’urgence de la situation m'oblige à me retourner directement vers vous, individuellement.
En octobre, nous pourrons faire une 1ère réunion des personnes qui auront répondu positivement pour vous présenter avec mon comptable la situation de la librairie et ses projets.
Je reste à votre disposition pour toute question sur le mail…et vous souhaite pleine de bonnes lectures et une bonne rentrée.
Et puis comme nous sommes en période de rentrée littéraire (encore fournie avec environ 700 nouveaux livres !), n’hésitez pas à faire vos commandes
Mélanie
Librairie Neverland
37 avenue de Stalingrad
78260 Achères
0139790995
neverneverneverland@orange.fr