Pour l 'occasion, et comme à chaque fois, nous fêterons en grande pompes les 10 ans et la fin de cette merveilleuse aventure le Samedi 17 Juin à partir de 18h.
Pour marquer l 'évènement, je tenais à partager avec vous (et avec son accord) cette lettre magnifique que m 'a adressé une ancienne et jeune cliente, et qui a su me toucher ( et me faire pleurer pour être totalement honnête) en me démontrant que cette aventure n 'avait pas été vaine....
Chère madame ;
Vous ne vous souvenez sûrement pas de moi, mais moi, je me souviens de
vous. J'ai quitté Achères il y a bientôt six ans, mais je n'ai jamais
oublié la librairie Neverland. J'ai aujourd'hui quatorze ans, et
j'habite à Paris. Je suis une des meilleures amies de *******, la
jeune fille que vous avez accueillie pour son stage de troisième il y a
quelques temps. C'est elle qui m'a appris que vous fermiez la librairie
dans quelques mois, et c'est ce qui me pousse à écrire ce mail (qui sera
un peu brouillon sûrement, pardonnez-moi, mais les mots se bousculent
sous ma plume.)
Je m'appelle ******. Un jour, pour mes neuf ans, mon père a
organisé une chasse au trésor dans le quartier (notre équipe s'appelait
les GriffonsRouge, j'étais dans ma période Harry Potter sans nul doute),
et avait caché un indice - un rébus je crois - dans votre libraire, à
l'intérieur d'un livre de magie, un vieux grimoire que j'ai aujourd'hui
perdu (à mon grand regret). Cet été, en allant rendre visite à mes amies
achéroises, j'ai tenu à passer devant quelques endroits symboliques de
"mon ancienne vie" dans cette ville que j'ai toujours eu du mal à
quitter. Dans le lot, il y avait la place du marché - mon ancien
appartement - le cinéma Pandora, l'école Célestin Freinet, la
bibliothèque municipale et son fameux wagon, et enfin la librairie
Neverland.
En repassant devant, tous mes souvenirs me sont revenus en bloc,
étonnement précis et clairs. La devanture, d'un violet délavé. Les
rangées de livres, les poufs - y sont-ils encore ? - les petites
figurines de fées et de dragons sur le comptoir. Je n'ai pas osé
rentrer. J'aurais dû. Je ne sais pas si j'aurais l'occasion de revenir
une dernière fois avant la fermeture définitive.
J'ai eu envie de pleurer lorsque ***** m'a annoncé ladite fermeture.
"Manque de clients", paraît-il. C'est vrai, tout le monde se précipite à
la Fnac et à Cultura et oublie ces petites librairies indépendantes et
pleines de charme, qui sentent le livre à plein nez (les grands
magasins, eux, ont une odeur capiteuse et légèrement écoeurante de
modernité). C'est le même syndrome pour les boutiques de vêtements, et
pour beaucoup d'autres choses. Je suis dégoûtée. Cette librairie
représente une bonne partie de mon enfance. Tout comme le sapin de la
place qui a été coupé. Ou le vidéoclub qui fut fermé il y a des années.
S'ils installent un cinéma Gaumont ou Pathé à la place du Pandora, je ne
réponds plus de rien. Pourquoi faut-il que tout change ? Neverland est
un lieu magique et enfantin, je l'ai toujours aimé et je pense que je
m'en souviendrai longtemps. Cet endroit vaut dix fois mieux que les
grandes surfaces, parce que son authenticité n'a pas de prix.
Pardonnez-moi, ce mail ne veut rien dire et part dans tous les sens,
mais j'ai besoin de m'épancher. Je suis vraiment désolée pour la
fermeture. J'espère que tout ira bien pour vous. J'espère que je pourrai
revenir une dernière fois. J'espère que vous êtes en bonne forme.
J'espère que vous ne me trouvez pas trop ridicule (moi si). J'espère que
vous n'avez pas changé d'adresse email depuis six ans (j'avais
initialement envoyé à "neverneverland", mais votre site indique une
autre adresse et on ne sait jamais).
Bonne chance, à un jour j'espère,
Une vieille cliente.